Aujourd’hui, c’est le seul et unique MichaĂ«l Bardier (Heavy Trip) qui se joint Ă l’infolettre pour partager son parcours.
Bonne lecture :)!
b.
En quelques mots, qui es-tu et que fais-tu ?
Je suis Michaël Bardier, un humain pas plus exceptionnel qu’un autre, qui à un certain moment dans sa vie a décidé de fonder sa propre agence de spectacles. À l’adolescence, je me sentais plus vivant que d’habitude lorsque j’assistais à des concerts, et j’ai décidé de suivre cette direction. Évidemment, beaucoup de choses se sont passées depuis, mais plus récemment, je me spécialise dans le booking de tournées en Amérique du Nord pour des artistes de partout dans le monde, évoluant généralement dans les sphères des musiques expérimentales, électroniques, jazz, ambiantes et hyperpop. Alors que la plupart des agents cherchent des talents susceptibles de percer dans le mainstream, notre approche est différente. Le catalogue que nous représentons se situe plutôt dans la marge, et notre mission est de tisser des liens avec des promoteurs, curateurs et diffuseurs qui gravitent dans les mêmes zones que nous, à travers l’Amérique, mais aussi un peu en Europe où le milieu est beaucoup plus vivant.
En quoi consiste concrètement ton travail au quotidien ?
Mon quotidien ne consiste pas à parler fort dans les loges d’artistes en buvant du champagne. Mon rôle, c’est d’organiser des tournées autour de moments clés dans la trajectoire des artistes que nous représentons — que ce soit une sortie d’album, une bande sonore de film ou autre. L’idée est de trouver les meilleurs partenaires pour assurer une croissance saine et durable du profil de nos artistes. Concrètement, cela signifie entretenir un dialogue constant avec les artistes ou leurs gérants, et aller chercher les meilleures opportunités possibles auprès de nos contacts diffuseurs. Ça implique aussi beaucoup d’allers-retours, des milliers de courriels et d’appels pour coordonner les tournées, les annonces, la logistique, et bien plus.
À ton avis, quel est le rôle d’un agent de tournée et sa pertinence en 2025 ?
Que ce soit un·e agent·e, un·e gérant·e, un·e éditeur·trice ou un·e relationniste de presse, les personnes qui entourent un·e artiste doivent être dignes de confiance, et une relation franche est essentielle. Plus spécifiquement, le rôle de l’agent·e demeure primordial pour un·e artiste qui cherche à multiplier les opportunités de performer live. Bien que la tournée ne doive pas nécessairement être le centre de la carrière des artistes, elle reste un levier important pour aller à la rencontre de son public. Mon travail est de négocier les meilleures conditions possibles : en fonction de la notoriété de l’artiste, de la capacité des salles, du prix des billets, etc.
Quels sont les grands défis (actuels ou à l’horizon) liés au métier, ou à l’industrie du spectacle en général ?
Sans surprise, notre plus grand défi en ce moment est de continuer à développer notre réseau aux États-Unis. Avec les récents bouleversements politiques, de nombreux artistes réévaluent leurs priorités. Les délais d’obtention de visa s’allongent constamment, et nous devons souvent recourir au traitement prioritaire, ce qui engendre des coûts assez exorbitants merci. Bref, il y a beaucoup d’enjeux actuellement, et on espère que la situation s’améliorera au fil des prochaines années…
Quelle est ta plus grande fierté ou ta plus grande réalisation des dernières années ?
Je suis fier, en tant que francophone, d’avoir pu contribuer au développement de la carrière d’artistes internationaux sur le territoire américain. Cela a demandé des années d’efforts, de nombreux courriels et déplacements pour bâtir et entretenir ces relations. Lorsque j’ai fondé Heavy Trip en 2013, c’était un saut dans le vide. Je dirais que c’est à partir de 2016-2017 que j’ai senti qu’on tenait quelque chose. Je constate qu’il y a peu d’agences indépendantes qui ont l’énergie et le dévouement que nous avons déployés.
Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à un·e artiste qui espère collaborer avec un agent de tournée ?
Pour moi, tout part de l’unicité du projet, du regard qu’il porte sur le monde, et de la façon dont il le transmet par la musique. Aussi : branding is everything. Il faut comprendre que peu d’artistes sont à la fois de bons photographes et de bons designers. N’hésitez pas à demander de l’aide, à contacter des gens qui vous inspirent. On pense souvent que les gens sont inaccessibles… mais vous seriez surpris.
BONUS : Quel conseil donnerais-tu au Michaël Bardier d’il y a 10 ans ?
Sauve-toi !!!!