C’est avec beaucoup d’excitation que je vous présente un nouveau format d’infolettre : les entrevues.
Ce sont de brèves discussions avec des intervenant.es de l’industrie de tous horizons, que j’inclurai de temps à autre dans mon infolettre quotidienne, au cours des prochains mois !
Aujourd’hui, j’ai le grand bonheur de vous partager mon échange avec Stéphanie Boulay, une artiste exceptionnelle qui a généreusement accepté de partager son expérience avec moi (nous).
Bonne lecture !
En quelques mots, qui es-tu et que fais-tu ?
Je suis beaucoup d’affaires à la fois, je pense. Je dis souvent que je suis autrice-compositrice-interprète quand il faut raccourcir le plus possible le tag, mais je me sens aussi musicienne, écrivaine, communicatrice, animatrice.
À quoi ressemble ton quotidien professionnel ?
Étant donné que je gère moi-même ma carrière, je dirais que la majorité de mon temps est consacrée à répondre à des courriels et à réfléchir à de nouvelles stratégies de promotion, de diffusion, à des idées de concepts et à des manières de faire rayonner mon image, mes projets et ma musique. La nouvelle réalité, c’est aussi que les artistes doivent maintenant produire énormément de contenu pour se promouvoir elles et eux-mêmes sur les réseaux sociaux, alors une autre grosse tranche de mon temps est passée là -dessus aussi. Sinon, il y a la tournée qui occupe une autre partie, la promo (les entrevues, les balados [une relativement nouvelle réalité : on passe pas mal de temps à participer à des balados bénévolement]), et la recherche (j’aime ça lire, écouter des vidéos et des balados d’informations, pour chercher le filon qui va inspirer mon prochain projet). Finalement, ces temps-ci, la plus petite tranche de mon temps est consacrée à la création. Mais ce n’est pas toujours comme ça. En période de production, la création prend la majorité de l’espace.
Tu as une carrière prolifique, autant sur le plan personnel que des collaborations — quelles sont les qualités/compétences principales qu’un artiste doit développer pour se démarquer et naviguer sainement dans l’industrie musicale ?
Je dirais que pour moi, y a eu une grande part de chance et de hasard dans mon rayonnement, alors je ne peux pas prétendre savoir de quoi je parle. Mais si j’avais à me penser bonne un peu, je dirais : faire les choses sans se soucier des courants et des tendances, avoir une grande écoute et une grande connaissance de soi et de sa petite voix intérieure, de son intuition, et avoir la tête dure. Ensuite, je dirais être très TRÈS versatile et autonome : savoir faire le maximum de choses par soi-même et selon ses termes, pour pouvoir garder le cercle créatif petit, parce que c’est comme ça qu’une identité artistique peut se construire de façon cohérente et pleine de sens. Puis, la connaissance de l’industrie et de ses rouages est évidemment un atout, parce que ça empêche de se faire avoir. Finalement, le plus important, peut-être : avoir la capacité à connecter, à communier réellement avec les gens, autant le public que les collaborateurs et les collaboratrices.
Quelle est ta plus grande fierté ou ta plus grande réalisation des dernières années (ou de ta carrière) ? Je pense que je suis fière d’avoir réussi à rester pluggée à mon ressenti, et à vraiment bien savoir qui je suis. Je me sens multifacettes, je sais que je ne suis pas accrochée au succès à tout prix et que je peux faire mille affaires différentes dans ma vie. Quand quelque chose me donne plus le feu, je suis capable de l’admettre, de faire mon deuil et de faire autre chose. On dirait qu’il n’y a rien que je ne peux pas faire, juste parce que je suis résiliente, vaillante et curieuse.
As-tu une équipe ? Si oui, qui sont (ou ont été) les partenaires fondamentaux (pas besoin de nommer spécifiquement les personnes concernées) pour le soutien de ta carrière ? Mes meilleur.es allié.es, ça a été les gens avec qui j’ai fait de la musique. J’ai souvent mal choisi mes amoureux et mal choisi mes équipes, mais je n’ai jamais mal choisi mes réalisateurs, mes technicien.nes et mes musicien.nes. Philippe B a été particulièrement important pour nous. Éric Goulet aussi, au tout début. Alex McMahon, Connor Seidel. Je pense aussi à Gabriel Gratton, qui nous a suivies un bout. À Alex Martel, qui m’a propulsée plus récemment.Â
Pour terminer, en tant qu’artiste, tu es évidemment aux premières loges du showbusiness — quels sont les grands défis (actuels ou à l’horizon) que tu constates ou anticipes concrètement dans ta carrière ? Je fais partie des gens qui veulent se réorienter, et on est beaucoup. Avec le nouveau modèle, on le dit souvent, c’est dur de trouver encore que ça vaut la peine de faire des albums et des tournées. C’est juste plus rentable du tout. Je trouve ça triste. Notre identité culturelle dépend de cet élan-là . Je souhaite profondément que quelque chose soit mis en place pour nous empêcher de lancer la serviette.
BONUS : Quel conseil donnerais-tu à la Stéphanie Boulay d’il y a 15 ans ? Je ne sais pas, on dirait que je ne lui dirais rien. Elle sait déjà ce qu’elle a à faire, même s’il y a des choses qu’elle n’est pas prête à appliquer encore. Je lui dirais let’s go girl.