En fouillant dans mes archives, je rĂ©alise ce matin que je collabore avec Mario depuis 2017 – dans les premières annĂ©es de ma pratique. Cela fait donc de lui l’un des artistes avec qui je collabore depuis le plus longtemps sur une base rĂ©gulière! Et c’est d’autant plus un plaisir de maintennat l’accompagner dans la mise en place de son projet de maison de disques – la première structure francophone de ce genre dans l’Ouest canadien! Un grand plaisir de partager avec vous cette entrevue… bonne lecture et bonne journĂ©e!
En quelques mots, qui es-tu et que fais-tu ?
Je suis un artiste indépendant originaire d’un petit village des plaines canadiennes nommé St. Denis, en Saskatchewan. À mes heures, je suis réalisateur et mixeur, parfois directeur musical — et, si ce n’est pas assez, aussi cofondateur du premier label francophone de l’Ouest canadien, Homestead Records.
Mon projet créatif s’appelle Ponteix, du nom d’un petit village francophone en Saskatchewan. C’est un projet que je porte à bout de bras, mais qui reste profondément collaboratif dans son esprit. Il y a des moments où je fais tout moi-même, et d’autres où j’invite mes amis à y contribuer.
Ă€ quoi ressemble ton quotidien professionnel ?
C’est une question à laquelle, même après dix ans de carrière, j’arrive à peine à répondre. J’ai appris que mon quotidien professionnel est saisonnier, selon les projets que j’entreprends. En ce moment, je suis dans la saison promo d’album de mon projet, Le Canadien errant — donc beaucoup de gestion, de coordination avec l’équipe de promo, de création de contenu, de rencontres, d’entrevues et de courriels au quotidien. Aussi : stratégie marketing, rédaction de demandes de subvention, logistique de tournée, communication constante avec les diffuseurs, musiciens et techniciens, pratique solo, répétitions avec mon trio, showcases, tournées, réseautage, et déplacements en van, avion, train, taxi ou voiture.
Tout ce travail, qui cumule l’énergie d’un label entier, est partagé avec l’aide précieuse de ma formidable manageuse, Nathalie Bourget.
Il y a aussi d’autres saisons où je porte le chapeau de réalisateur ou mixeur, passé tout mon temps en studio à travailler sur la musique des autres, ou encore à créer pour la télévision et les balados. Parfois, je monte des spectacles comme directeur musical ou musicien. Et souvent, le soir, je rentre à la maison pour remettre le chapeau d’artiste, parce qu’il y a toujours quelque chose à faire.
Mon chapeau d’artiste est aussi saisonnier — j’essaie autant que possible d’intégrer du temps de création, de pratique et de plaisir sans attente au quotidien. Ce quotidien s’accumule en concepts concrets qui finissent souvent par se transformer en album après quelques années.
Avec tout ça, je crois pouvoir me décrire simplement comme un changeur de chapeau professionnel.
Quelles sont les qualités essentielles pour naviguer sainement dans l’industrie musicale ?
J’ai toujours été quelqu’un d’intéressé par les humains. La curiosité a toujours été mon moteur créatif. Je priorise la communication et j’essaie de comprendre profondément comment les gens autour de moi naviguent leur vie, intérieure comme extérieure.
Ça m’aide énormément à les accompagner, mais aussi à mieux comprendre où se situe ma place dans ma vie personnelle et professionnelle.
Je ne me considère pas comme quelqu’un avec un talent exceptionnel — simplement comme quelqu’un avec une drive, une vision et une passion sincère, qui veut bien faire et se donner à fond dans les projets où il s’investit.
Quelle est ta plus grande fierté ou réalisation ?
Grande question ! Je crois que mon plus grand accomplissement est d’avoir su rester rêveur, têtu et débrouillard, et d’avoir construit la vie que le petit Mario de 16 ans avait toujours imaginée.
Avec mon background de francophone minoritaire ayant grandi sur une ferme près d’un village de 150 habitants, je suis aussi très fier d’avoir pu bâtir une carrière à l’international.
Faut le dire quand mĂŞme !
D’être encore capable d’aller jusqu’au bout de mes idées parfois farfelues, de franchir chaque étape avec persévérance et de rassembler les bonnes personnes pour les réaliser. Et surtout, d’être entouré de gens qui croient en moi, autant sur le plan professionnel que personnel.
As-tu une équipe ? Qui sont les partenaires fondamentaux dans ton parcours ?
Oui ! J’ai plusieurs équipes selon les saisons et les chapeaux que je porte. Je suis entouré de musiciens collaborateurs, d’amis artistes, de mentors, de gens en promotion, logistique, gestion et administration. Mes partenaires cofondateurs du label, Joël Couture et Étienne Fletcher, font partie de ces piliers importants.
Mais la personne que je tiens le plus à souligner est ma manageuse, Nathalie Bourget, avec qui je collabore de près sur toute la trajectoire de ma carrière. Elle travaille sans relâche à mes côtés pour concrétiser nos projets communs.
J’ai énormément de gratitude pour les personnes avec qui je collabore. Je me considère chanceux de pouvoir travailler avec des humains aussi passionnés et généreux.
Quels sont les grands défis que tu constates ou anticipes dans ta carrière ?
Un grand défi actuel est la recherche constante de financement pour les tournées et projets divers de mon projet mais aussi ceux de Homestead, qui passe souvent par plusieurs demandes de subventions pour une seule opération. On cherche une façon plus équilibrée de streamliner les opérations de tournée.
Je suis aussi à une étape de ma vie où j’aimerais déléguer davantage certains travaux pour faire avancer les dossiers plus rapidement. Nous avons déjà commencé à alléger la charge de travail grâce à quelques collaboratrices clés — c’est un bon début — mais je cherche encore à améliorer mon temps et mes processus.
BONUS : Quel conseil donnerais-tu au Mario Lepage d’il y a 10 ans ?
Reste fidèle à ta vision, à tes amis et à ce qui te nourrit.
Présente-toi chaque jour, même quand c’est difficile.
Apprends à apprécier non seulement ce qui est devant toi, mais aussi tout ce qui t’a permis d’en arriver là .