Aujourd’hui, j’ai le grand bonheur de vous partager mon échange avec Lina Kachani, directrice du département de gérance chez Bonsound.
En quelques mots, qui es-tu et que fais-tu ?
Je m’appelle Lina Kachani et je suis gérante d’artistes chez Bonsound depuis plus de neuf ans. Je travaille actuellement avec Lisa LeBlanc, Les Louanges, Shaina Hayes, Dead Obies et le producer Félix Petit. Je dirige également le département de gérance au sein de Bonsound.
En quoi consiste concrètement ton travail au quotidien ?
Mon rôle, c’est d’être la principale représentante et conseillère de mes artistes. Je veille à leurs intérêts, je bâtis une équipe solide autour d’eux (label, booker, relationniste de presse, producteur de spectacles, styliste, etc.) et je fais le lien entre toutes les personnes impliquées dans leur carrière. Mon but est de m’assurer que tout le monde avance dans la même direction, avec les mêmes objectifs en tête — ceux de l’artiste!
Plus concrètement, je discute régulièrement avec chacun des artistes pour établir des stratégies à court, moyen et long terme. Ça peut toucher autant à la sortie d’un album, qu’à la gestion des réseaux sociaux, la planification de tournées ou encore le développement dans de nouveaux marchés. C’est comme si je tenais le gouvernail d’une chaloupe : je m’assure qu’on reste sur le bon cap, que les décisions sont cohérentes avec les ambitions de l’artiste et que chaque partenaire comprend où on veut aller. On peut dire que mon rôle ressemble à celui d’une chargée de projet : je coordonne les différents intervenants ainsi que les échéanciers pour que chaque étape se déroule de façon cohérente et alignée avec les objectifs de l’artiste.
Mon quotidien est donc très varié. Il peut inclure des tâches assez administratives, comme la négociation de contrats, le suivi budgétaire et les déclarations de redevances, mais aussi des tâches plutôt créatives, comme d’établir la stratégie sur les réseaux sociaux, de discuter du pacing d’album ou de show, de mise en scène et beaucoup plus. C’est vraiment un métier qui allie planification stratégique et travail créatif.
À ton avis, quel est le rôle d’une gérante et sa pertinence en 2025?
Selon moi, avoir un.e gérant.e permet à l’artiste de se concentrer davantage sur sa création, tout en ayant l’assurance qu’un œil avisé veille sur la direction globale de sa carrière. On sous-estime beaucoup le temps que prend la coordination de projets ainsi que la planification stratégique. Il nous faut du temps pour avoir des idées et encore plus pour les exécuter.
Je suis d’avis que le rôle d’un gérant est d’autant plus pertinent en 2025 qu’avant, notamment à cause de la multiplication des plateformes et outils de communication. On s’attend maintenant d’un artiste qu’il soit présent sur les réseaux sociaux, qu’il se développe sur plusieurs territoires, qu’il produise son album lui-même, qu’il réalise de nombreux contenus web, etc. Bien sûr, il y a des artistes ultra organisés et qui sont capables de s’autogérer, mais ça reste un travail de grande haleine. Puis, il ne faut pas sous-estimer le pouvoir d’avoir un allié à ses côtés avec qui discuter des différents projets et de la stratégie à déployer. Un gérant, ça sert aussi beaucoup à ça : d’éviter d’être en réaction tout le temps, mais plutôt en mode action, de pouvoir planifier le court, moyen et long terme ensemble. Sans oublier qu’un gérant c’est aussi là pour aligner les partenaires dans la bonne direction et négocier des contrats : tâches qui peuvent être plus délicates à faire en tant qu’artiste autogéré.
Quels sont les grands défis (actuels ou à l’horizon) qui se rattachent au métier?
Selon moi, un des principaux défis est de valoriser le métier de gérant de façon professionnelle. Trop souvent, un ami ou un cousin de l’artiste s’improvise dans ce rôle. Pourtant, être gérant, c’est bien plus qu’être simplement organisé: il faut savoir gérer un budget, avoir beaucoup d’entregent, avoir une pensée critique et stratégique, avoir des habiletés de négociation et beaucoup plus. Cela nécessite aussi une connaissance approfondie des rouages de l’industrie musicale, ce qui prend plusieurs années à acquérir.
Quelle est ta plus grande fierté ou ta plus grande réalisation des dernières années ?
Il y en a beaucoup et de différentes envergures, mais j’avoue qu’avoir deux artistes en headline sur le stage principal des Francos en 2023 c’était un high — autant pour eux que pour moi.
Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à un.e artiste qui envisage (ou espère) une collaboration avec une gérante ?
Je lui dirais de trouver un.e gérant.e avec qui cet artiste a un bon fit humain, certes, mais sans perdre de vue les compétences professionnelles essentielles à ce métier. C’est cette expertise-là , au final, qui fera évoluer le projet de l’artiste. Ce n’est pas juste une question de fit.