Toujours un plaisir – et une grande fiertĂ© – de discuter avec David Murphy, gestionnaire de droits Ă©mĂ©rite et acteur indispensable des coulisses de l’industrie !
Bonne lecture :)!
b.
En quelques mots, qui es-tu et que fais-tu ?
Je suis David Murphy, propriétaire de David Murphy et Cie, une entreprise spécialisée en gestion de droits musicaux et audiovisuels. Notre rôle est d’accompagner nos clients, les créateurs — auteurs-compositeurs, compositeurs de musique à l’image, producteurs audiovisuels et maisons d’édition associées à des labels ou à des maisons de gérance — dans la gestion, la protection et la valorisation de leurs œuvres musicales, tant au Canada qu’à l’international.
En quoi consiste concrètement ton travail au quotidien ?Â
À titre de président de l’entreprise, mon rôle est à la fois stratégique et opérationnel. Je veille à la vision et à la direction globales de David Murphy et Cie, tout en m’assurant que nos décisions et nos actions reflètent nos valeurs.
Essentiellement, mon quotidien est d’encadrer et soutenir les membres de l’ équipe dans leur travail; définir les orientations de croissance et anticiper les évolutions du marché; et assurer la supervision opérationnelle afin de garantir que nos outils technologiques et nos processus de gestion de droits demeurent performants et fiables.
De quelle façon se distingue David Murphy et cie des maisons d’édition traditionnelles ?
Les éditeurs classiques se consacrent surtout au développement des carrières d’auteurs, alors que nous nous concentrons sur l’optimisation et la gestion directe des droits, afin de maximiser les revenus des auteurs et des éditeurs que nous représentons. Notre modèle est axé sur la valorisation des actifs et une administration proactive.
Nous avons investi dans des outils technologiques exclusifs, notamment une application de gestion de droits de pointe et un portail client innovant. Ce dernier permet Ă nos partenaires de :
- visualiser leurs revenus en temps réel,
- suivre l’avancement des négociations de licences synchros,
- détecter et corriger rapidement les erreurs de répartition des sociétés de gestion.
De plus, nous sommes membres directs d’une trentaine de sociétés de gestion à travers le monde. Grâce à ce modèle sans intermédiaires, nous accélérons les délais de paiement, renforçons le contrôle des flux financiers et offrons une transparence inégalée.
En combinant une approche administrative directe avec des innovations technologiques uniques, nous apportons à nos partenaires une efficacité et une proximité que les structures traditionnelles n’offrent généralement pas.
Quels sont les grands défis (actuels ou à l’horizon) qui se rattachent au métier?
Sans surprise, l’IA a un impact planétaire : tous les créateurs et éditeurs sont concernés. Mais le danger le plus pressant reste la fragilisation des cultures minoritaires. Dans un petit marché comme le Québec, chaque œuvre compte, chaque « cenne » de redevances compte. Si nous ne mettons pas en place des régulations fortes, la diversité culturelle risque d’être avalée par l’hégémonie des grandes puissances médiatiques.
C’est pourquoi nous devons exiger une gestion des droits d’auteur d’une précision irréprochable. Dans un monde où chaque microseconde d’exploitation génère de la valeur, seule une identification rigoureuse peut garantir que les créateurs reçoivent leur juste part. Nos sociétés de gestion collective jouent ici un rôle crucial : elles doivent élever leurs standards afin d’être à la hauteur de ces enjeux.
Quelle est ta plus grande fierté ou ta plus grande réalisation des dernières années ?
Ma plus grande fierté des dernières années est d’avoir, avec ma partenaire Mélanie Fuller, constitué une équipe solide, engagée et en parfaite cohérence avec nos valeurs : transparence, intégrité et axé sur les résultats. Et, sur un plan plus personnel, par intégrité et respect des gens qu’on représente : me tenir bien droit lorsque le vent souffle en sens contraire.
Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à un.e artiste qui envisage (ou espère) une collaboration avec un éditeur ou un gestionnaire éditorial ?
Insister sur la clarification des engagements et des attentes respectives.
Bien des déceptions d’auteurs envers leur éditeur (ou gestionnaire éditorial) proviennent d’une incompréhension ou d’attentes mal arrimées. Certains éditeurs sont parfois plus pressés de signer une entente que de l’expliquer en détail, et de s’assurer que l’auteur en comprend bien les obligations.
La responsabilité est partagée : l’éditeur doit être transparent, mais l’auteur a le devoir de poser des questions précises, notamment sur le travail concret que l’éditeur s’engage à accomplir, sur les résultats attendus et sur les chances réelles de réussite. Car si les attentes sont élevées ou irréalistes et que les probabilités de succès sont faibles, la déception sera souvent inévitable.
Une relation d’affaires saine entre un auteur et un éditeur repose avant tout sur une communication ouverte et constante. Les non-dits n’ont pas leur place.
BONUS : Quel conseil donnerais-tu au David Murphy d’il y a 25 ans ?
Certaines personnes consomment plus d’énergie qu’elles n’en apportent : Laisse la chance à d’autres de les côtoyer.
Garde ton attention sur les enjeux stratégiques et prioritaires. C’est trop facile de se perdre dans un océan de bonnes idées.
Enfin, accorde ta confiance à ceux qui partagent tes valeurs : leur énergie devient alors une puissante force de propulsion.