7 novembre 2025

🎤 Entrevue — Sébastien Charest (Gestion de droits)

SĂ©bastien Charest est devenu au fil des annĂ©es un incontournable de l’industrie (et je pèse mes mots) – pour ses connaissances et son savoir extraordinaires, sa vaste expĂ©rience et son approche pratique.

J’ai proposĂ© Ă  SĂ©bastien un cafĂ© il y a près de 10 ans (ou lui… sa mĂ©moire me le rappellera très certainement dans quelques heures) pour amorcer une discussion et collaboration, absolument sans attente – encore aujourd’hui, il fait partie de ceux que j’appelle rĂ©gulièrement pour valider des interrogations… autant dans ma vie professionnelle et personnelle! C’est donc un grand plaisir de partager avec vous mon entrevue avec cette personne aussi mystĂ©rieuse que merveilleuse, que je suis fier d’appeler mon ami :

En quelques mots, qui es-tu et que fais-tu ?

Je suis un gestionnaire de droits.

Je gère, au nom de mes clients, les comptes qu’ils ont auprès des sociétés de gestion (SOCAN, SOCAN DR CMRRA, ARTISTI, ACTRA RACS, SOPROQ, SoundExchange, AFM & SAG-AFTRA Fund, etc.)

Je me spécialise en gestion pour les artistes indépendants et petites entreprises et je ne gère que les sociétés de gestion basées en Amérique du Nord.

En quoi consiste concrètement ton travail au quotidien 

Je m’assure tout d’abord que tout le répertoire passé de l’artiste est présent dans ses différents comptes, soit ses œuvres, ses enregistrements sonores et ses prestations.

Ensuite, je m’occupe de déclarer ses plus récentes parutions, au fur et à mesure qu’elles sortent sur les plateformes de musique ou envoyées à la radio.

Pour les auteurs-compositeurs-interprètes, je transmets également à la SOCAN la liste des chansons interprétées en spectacle.

Enfin, il peut m’arriver d’accepter des mandats spécifiques, par exemple débloquer des redevances non versées ou faire une analyse des redevances reçues. Jusqu’à présent.

Quels sont les grands défis (actuels ou à l’horizon) qui se rattachent au métier ?

La gestion collective de redevances est principalement basée sur l’appariement entre le répertoire transmis à une société de gestion et les données de diffusion transmises par les utilisateurs de musique (la radio, les plateformes de musique en ligne, les télédiffuseurs, etc.). La qualité des données transmises devait donc essentiellement pour faciliter et accélérer l’identification du répertoire et le versement des redevances. Des données incomplètes, des fautes d’orthographe causées par des transcriptions manuelles et des symboles qui se transposent difficilement d’une langue à l’autre, entre autres, ralentissent ce processus.

De plus, le droit d’auteur fonctionne Ă©galement de façon très territoriale. Les sociĂ©tĂ©s de gestion ont juridiction dans leur pays uniquement et dĂ©pendent des sociĂ©tĂ©s Ă©trangères pour collecter ces redevances internationales. Elles n’ont pas un lien direct avec les donnĂ©es d’utilisation sur les autres territoires. J’aimerais pouvoir plus facilement par moi-mĂŞme dĂ©bloquer les redevances de mes clients hors-AmĂ©rique du Nord en ayant un accès plus direct aux bases de donnĂ©es mondiales, sans devoir adhĂ©rer Ă  toutes ces sociĂ©tĂ©s de gestion. Je rĂŞve de quelque chose du genre : « la SACEM envoie aux sociĂ©tĂ©s de gestion internationales la liste des Ĺ“uvres non-identifiĂ©es sur son territoire et, dans mon compte SOCAN, j’aurais Ă©galement accès Ă  cette liste et je pourrais ainsi identifier les chansons qui me concernent et bonifier le travail que la SOCAN fait dĂ©jĂ  pour identifier son rĂ©pertoire populaire internationalement ».

Quelle est ta plus grande fierté ou ta plus grande réalisation des dernières années ?

Je dois avouer que je suis assez heureux d’avoir démystifié le rôle de l’AFM & SAG-AFTRA Fund pour plusieurs musiciens et choristes.

Mes nombreuses conversations avec eux pour clarifier leur mandat (l’AFM & SAG-AFTRA Fund est l’équivalent américain d’ARTISTI pour la part Accompagnateur des interprètes présents sur les chansons diffusées sur SiriusXM) et les aider à mettre la main sur de nombreux crédits d’albums auront permis de débloquer énormément d’argent. Et c’est arrivé au tout début de la pandémie en 2020, alors que plusieurs musiciens venaient d’apprendre l’annulation de leurs tournées et de sessions studio. Je crois, humblement, que mon travail aura permis d’amoindrir la perte financière qui s’annonçait pour eux.

BONUS : Quel conseil donnerais-tu au SĂ©bastien Charest d’il y a 15 ans ?

Il y a 15 ans, donc en 2010, je faisais mon entrĂ©e Ă  la SociĂ©tĂ© professionnelle des auteurs-compositeurs du QuĂ©bec (SPACQ, devenue depuis SPACQ-AE) en tant que responsable du service aux membres et de la formation continue.

Mon arrivĂ©e lĂ -bas va Ă©normĂ©ment teinter la suite des choses, puisque j’y resterai 7 ans et demi et je partirai ensuite Ă  mon compte pour faire de la gestion de droits.

Je me dirais alors : « continue ce que tu fais, tu es dans la bonne voie ! » đꙂ