La gérance artistique est-elle vraiment nécessaire ?
Compte tenu de la rareté de plus en plus palpable des bons gérants, je n’ose pas dire qu’il s’agit d’un partenaire incontournable.
Mais soyons réalistes, c’est un peu le cas.
Du moins, une bonne gérante peut faire toute la différence dans une carrière.
(Autant qu’elle peut la ralentir… ou pire encore.)
Cette gérante veille au développement de la carrière de l’artiste, pendant qu’il se concentre sur la création.
Elle le guide, le conseille, l’écoute, le soutient, le représente et bâtit l’équipe qui le soulèvera davantage.
Je le mentionne régulièrement : l’industrie musicale n’en est pas une qu’un artiste peut naviguer absolument seul.
Et une bonne gérante peut être un atout extraordinaire.
Comment fonctionne la commission de gérance ?
Le gérant est généralement rémunéré sur les revenus bruts de l’artiste.
Entre 15 % et 25 %.
Revenus bruts ?
Tous les revenus dus à l’artiste en relation avec les activités liées à sa carrière (avant dépenses).
Peut-on négocier la commission ? Oui
Peut-on exclure certaines sources de revenus ? Oui.
Peut-on exclure certaines sphères de carrière ? Oui.
Peut-on prévoir la récupération de certaines dépenses avant commission ? Oui, encore !
Tout se négocie* !
Et il est fondamental de prendre le temps de comprendre sur quoi le gérant est rémunéré et pendant combien de temps.
C’est souvent lorsque l’entente repose sur des non-dits ou une mécanique confuse que la relation s’effrite.
*💡 Rappel : plus les sources commissionnables sont réduites, plus la rémunération du gérant l’est aussi… et éventuellement son intérêt/capacité à poursuivre la collaboration.
⚠️ Attention aussi aux négociations excessives pour gratter un demi-point de pourcentage. Petit rappel amical : 20 % de 0 $ = 0 $ !
Trois clauses clés à surveiller dans un contrat de gérance
1. La commission post-contractuelle (clause « sunset »)
La gérante a négocié les modalités d’une entente qui perdure longtemps, pourquoi ne pourrait-elle pas en profiter quelque temps après la fin de l’entente ?
D’autant plus que le fruit de cette négociation pourrait éclore seulement après la collaboration… ou s’avérer la première réelle source de revenus (par exemple, après une collaboration peu rémunérée en raison de faibles revenus.)
Mais encore faut-il fixer clairement les paramètres de l’entente, incluant :
- Durée de la commission après la fin du contrat ?
- Revenus concernés (uniquement ceux négociés avant ou tout revenu futur ?)
- Commission décroissante pour faciliter la transition vers un nouveau gérant ?
2. La clause « personne clé »
Avec qui l’entente est-elle signée ? Une société ou une personne physique ?
Si la personne avec qui l’artiste travaille quitte, le contrat devrait prévoir des mécanismes de révision ou de sortie.
3. Les revenus bruts vs revenus nets
De façon générale, la commission de gérance se calcule sur les revenus bruts.
Mais certains contextes commandent des nuances.
Exemple : On commande à l’artiste une bande sonore pour un film — $50K pour composer, enregistrer et produire une bande… incluant l’embauche d’un orchestre, la location d’instruments, les frais de mixing/mastering, etc. Sur les $50K, l’artiste en touchera en réalité $15K. La gérante appliquera-t-elle sa commission sur le $50K ou sur le $15K ?
Clarifiez ces points pour éviter des inégalités ou frustrations récurrentes.
Trois qualités essentielles chez un gérant
1. Personnalité compatible
La gérante et l’artiste forment une équipe dans un environnement imprévisible, parfois confus, souvent exigeant.
La santé de leur relation est capitale : leurs tempéraments doivent être compatibles et complémentaires.
2. Organisation et sens des affaires
Le gérant supervise et coordonne les diverses opérations liées à la carrière de l’artiste — la production, la mise en marché d’un album, le lancement d’une tournée, la structuration de l’entreprise, etc. Le gérant devrait offrir des capacités et qualités organisationnelles particulières — si le gérant a les mains sur le volant, c’est bien. Mais s’il a une vue impeccable et un sens de l’orientation hors du commun, c’est encore mieux ;) !
3. Audace et solidité
La gérante représente/défend les intérêts de l’artiste — très généralement par la négociation, mais parfois aussi dans la confrontation. Sa capacité à articuler sa pensée et les besoins du projet, fermement, mais toujours diplomatiquement, est essentielle.
Son aptitude à démarcher des opportunités originales et naviguer en eaux troubles, tout en maintenant le cap, est un atout d’exception.
Conclusion
Un bon gérant est plus qu’un intermédiaire : c’est un pilier du développement artistique.
Évaluer ses qualités personnelles et la compatibilité, comprendre sa rémunération et encadrer les clauses de l’entente sont essentiels pour bâtir une relation solide.
Bien choisi, ce partenaire peut propulser la carrière d’une artiste et lui permettre de se concentrer sur l’essentiel : la musique.